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la ménagerie Online

Je suis dyslexique et alors ?

3 Mai 2013, 20:50pm

Publié par ddlc

Les associations d’idées sont quelque chose de dingue. On me demande mon livre préféré et moi, je me rappelle pourquoi et comment j’ai aimé lire.

Parce que lire est une chose merveilleuse et que trop de gens s’en moquent.

Parce que lire est une chance qui n’est pas donné à tout-le-monde et que beaucoup l’ignore.

Parce que, pour moi, lire est une sacrée revanche sur la vie et un beau pied de nez à la génétique.

Je suis dyslexique. Quand je dis ça, 3 réactions :

  • Il y a ceux qui disent « Moi aussi ! »
  • Il y a ceux qui me prennent pour une attardée (c’est un peu moins vrai maintenant que j’ai dépassé le stade du collège, mais quand même)
  • Et ceux qui me plaignent.

Dans ces 3 catégories, on peut encore faire la différence entre ceux qui savent ce que c’est et ceux qui croient savoir.

La dyslexie, tout-le-monde en a entendu parler maintenant. C’est à la mode de montrer qu’on est différent mais que ce n’est pas de sa faute. Sauf qu’être dyslexique, ce n’est pas qu’avoir des problèmes en orthographe.

Trop de gens se disent dyslexique car ils sont nuls en orthographe.

Comme me l’a gentiment dit mon prof de français en fin de 3e : «les problèmes d’orthographe s’améliorent avec le temps, sauf la dyslexie » Il avait l’air de maîtriser le sujet. Jusqu’à ce que je lui demande s’il savait ce que c’était et que je lui dise que je l’étais…

Le regard sur la dyslexie a bien changé. A l’époque de mes parents, les dyslexiques étaient considérés comme des attardés. Le plus souvent, on les déscolarisait.

A mon époque, on me disait que je ne faisais pas assez d’efforts, que je devais faire attention, que je devais travailler encore plus (alors que je bossais déjà beaucoup plus que les autres) ou que j’étais nulle.

Puis, on a commencé à proposer aux dyslexiques d’accéder à des classes « spéciales », dans des écoles à part, pour préparer des études courtes.

Et maintenant, on semble commencer à comprendre qu’un dyslexique a juste besoin de méthodes différentes et d’un temps différent.

En fait, un dyslexique ne sera pas un mauvais élève mais un élève qui aura des difficultés plus importantes dans certaines matières et plus de facilités dans d’autres. Ce n’est pas une question de préférence, c’est plus compliqué.

Combien de personnes savent que la dyslexie est une maladie génétique ?

Ce qui veux dire que j'avais une probabilité sur deux de l'être et que mes enfants aussi (en fait, peut-être moins mais je n'arrive pas à savoir si c'est récessif ou dominant).

Ce qui explique pourquoi, je tremble quand le Lion dit « tobobo » à la place de « toboggan ». Sauf qu’à deux ans, c’est normal !

Mais la dyslexie, c’est bien plus qua ça !

La dyslexie vous construit et vous détruit en même temps.

Chacun réagit à sa façon. Moi, j’ai appris à vivre en mode « survie ». C’est instinctif, je ne maîtrise pas. Ce mode de survie m’a permis de m’accrocher et de construire ma vie d’adulte. Il m’a aussi fait grandir plus vite et m'a déconnecté des enfants de mon âge. Il m’a permis de supporter les séances d’orthophoniste que je trouvais humiliantes, m’a fait supporter le soutien scolaire en français, en allemand, en anglais. Il m’a aussi permit de me pas m’écrouler à chaque remise de dictée en voyant le « 0 » sur ma copie.

C’est ça qui m’a permis de m’accrocher pour suivre une scolarité normale, médiocre soit, mais normale, de ne pas décrocher et de réussir mes études supérieures.

C’est aussi ça qui me joue des tours dans ma vie d’adulte. Je n’ai plus besoin de me battre pour réussir mais je ne sais pas comment faire.

Alors si je vous affirme que mon papillon est habillée en jaune (alors qu’elle est habillée en rose), que je vous montre de tourner à droite, en vous disant de tourner à gauche ou que je fronce le nez pour vous épeler un mot. Ne vous inquiéter pas, je suis dyslexique et alors ?

Je suis dyslexique et alors ?
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